Dans une contrée fort lointaine, lors d’un hiver particulièrement rude et glacial, des villageois vinrent se plaindre auprès de leur Roi d’un problème très grave : une meute de loups féroces s’attaquait à leur bétail et dévorait leurs volailles. Le Roi convoqua sur le champ les meilleurs archers de sa garnison et les enjoint à débarrasser le pays de ces bêtes sanguinaires.
– Le plus méritant d’entre vous, ajouta le Roi, sera convié à ma table et partagera mes repas, avec toute sa famille, jusqu’au retour du printemps.
Tous les soldats s’empressèrent de partir à la chasse, bravant courageusement la neige et le froid. Ils partirent seuls, chacun de leur côté, aspirant les uns comme les autres à devenir l’unique favori du Roi. Durant des journées entières, ils pistèrent les loups dans tous les recoins de la forêt, ne s’arrêtant que pour manger et dormir.
Finalement, un premier chasseur revint se présenter devant son Roi. Il était couvert de blessures, avait un bras en écharpe et s’appuyait sur des béquilles l’une de ses jambes étant coupée à la hauteur du genou.
– Je suis assurément le plus méritant, votre majesté, dit le soldat d’un ton plaintif. Je me suis battu à mains nues avec des loups et, même si je n’ai pas réussi à les exterminer, j’ai réussi à en blesser au moins un. Voyez, j’y ai même laissé ma jambe droite, fit-il, larmoyant presque.
Le Roi fût pris de compassion pour l’homme blessé, mais avant qu’il n’eût ouvert la bouche, un autre soldat se tint debout devant lui, portant la carcasse d’un loup sur ses épaules.
– Mon Roi, voyez, je vous rapporte la peau du chef de la meute. J’ai abattu ce loup d’une seule flèche et tous les autres se sont enfuis sans demander leur reste…
– Fort bien preux chevalier, dit le Roi, je vous félicite pour votre bravoure…
Le souverain fût de nouveau interrompu par l’entrée remarquée d’un autre soldat… accompagné d’un jeune loup marchant paisiblement à ses côtés.
– Qu’est-ce que c’est que cela? demanda le Roi, au nouveau venu.
– Votre Majesté, répondit l’archer, tandis que mes confrères pourchassaient les loups pour les tuer, je me suis dit que, tant qu’il y en aurait un encore en vie, il reviendrait dévaliser les fermes environnantes. J’ai donc pris le temps de les observer à distance et je me suis rendu compte qu’ils n’étaient ni violents, ni cruels, mais plutôt terriblement affamés, tous comme nous durant ce dur hiver. Pour eux comme pour nous tous, les proies se font rares, le gibier hiberne dans son terrier et le beau temps tarde à revenir. Ces loups parcourent vos terres et agressent les animaux car ils n’ont rien d’autre à se mettre sous la dent. J’ai donc eu une idée. Je leur ai apporté un peu de nourriture à tous les jours, tentant de les entraîner de plus en plus loin hors du royaume. Je les ai conduits dans la vallée, là où le temps se fait plus doux et que les bourgeons commencent à éclore. Les glaces recouvrant une rivière ayant légèrement fondu près de la rive, la meute a pu s’y abreuver et même pêcher quelques poissons… Je ne crois pas qu’ils reviendront de sitôt errer par ici…
– Et celui-là? questionna le Roi en pointant le loup sagement couché aux pieds du guerrier.
– Il m’a même sauvé la vie, répondit le jeune homme sans hésiter. Au somment de la montagne, j’ai malencontreusement réveillé un ours en pénétrant dans sa caverne et, sans l’intervention de cette bête valeureuse, il m’aurait dévoré tout cru.
Magnanime, le Souverain reconnût que ce brave soldat était le plus méritant et l’invita donc à s’asseoir à sa droite pour le festin du soir. Or, l’archer refusa :
– J’ai déjà reçu ma récompense, mon Roi. Sous les regards incrédules et même outrés de l’assistance, il jugea bon de préciser : Ce loup et moi sommes devenus amis! Nous nous sommes « apprivoisés » et, dorénavant, il n’est plus mon ennemi. Je sais désormais que, si je suis attentif aux besoins de l’autre plutôt que de tenter de le combattre ou de m’imposer à lui par la force, il me respectera et m’épaulera en retour. Ainsi, nous nous en sortons tous les deux gagnants.
Un vieillard, reconnu pour sa grande sagesse, s’approcha du jeune homme. Déposant une main sur son épaule, il s’éclaircit la voix et énonça, assez fort pour que tout le monde l’entende :
– Cet homme au cœur pur a intégré aujourd’hui une des lois fondamentales de l’Univers. Tous les menaces extérieures sont illusoires : elles ne sont que l’écho de vos propres peurs et le reflet de ces zones d’ombres cachées en vous-mêmes.
Pourquoi vouloir tuer cette bête indomptable présente à l’intérieur de vous qu’on appelle l’Ego, quand vous pouvez décider de vous mettre à son écoute et de « l’apprivoiser » pour vous en faire un allié ? La maîtrise de vos bas instincts se fera aisément quand vous cesserez de vouloir les « contrôler » à tout prix et que vous vous contenterez de les accueillir inconditionnellement… pour ensuite les « orienter » vers des choix plus lumineux, sur des routes menant à la sérénité… et à plénitude en vous-même!
ET VOUS, QUE RÉPONDEZ-VOUS À L’APPEL DU LOUP EN VOUS??? QUEL TYPE DE GUERRIER ÊTES-VOUS? PARVENEZ-VOUS À FAIRE LA PAIX ET UNIFIER TOUTES LES PARTIES DE VOUS-MÊME?
Message de Bianca Gaïa/Diane LeBlanc,
publié le 17 Décembre 2006 sur www.biancagaia.com.
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y compris ces quelques lignes.